Le Langage
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(→Est-ce dans les mots que nous pensons?) |
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'''Descartes, métaphysicien, voit dans le langage humain un témoignage de la liberté de l’homme, liberté qui pour lui ne s’explique que par l’âme qui pense.''' | '''Descartes, métaphysicien, voit dans le langage humain un témoignage de la liberté de l’homme, liberté qui pour lui ne s’explique que par l’âme qui pense.''' | ||
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==Est-ce dans les mots que nous pensons?== | ==Est-ce dans les mots que nous pensons?== | ||
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La langue est le code propre à une communauté que chacun trouve tout fait dans sa société. C’est l’objet de l’étude des linguistes qui en étudient les caractéristiques et le fonctionnement. | La langue est le code propre à une communauté que chacun trouve tout fait dans sa société. C’est l’objet de l’étude des linguistes qui en étudient les caractéristiques et le fonctionnement. | ||
+ | On peut dire que c'est un fait social, au sens durkheimien du terme : contraignant, coercitif. la langue s'impose à nous de l'extérieur, si nous la modifions trop, notre message ne passe plus. | ||
La parole : c’est l’appropriation par un individu de ce code. | La parole : c’est l’appropriation par un individu de ce code. | ||
- | Le langage a ces deux aspects. | + | Le langage a ces deux aspects. |
+ | Il nous semble parfois que l'expression de notre expérience individuelle est limitée par l'aspect collectif du langage.Il nous faut comprendre pourtant que notre pensée n'existerait pas si elle n'était pas coulée dans les mots. | ||
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De manière contemporaine, on va dire plutôt que le langage est le lieu ou la pensée se forme. | De manière contemporaine, on va dire plutôt que le langage est le lieu ou la pensée se forme. | ||
- | La pensée se tisse dans le langage. Au moment où je combine mes mots, où je les assemble, je fais surgir du sens. Je découvre ma pensée au moment même où elle nait, dans le langage. | + | La pensée se tisse dans le langage dit Merleau-Ponty. Au moment où je combine mes mots, où je les assemble, je fais surgir du sens. Je découvre ma pensée au moment même où elle nait, dans le langage. |
La pensée, entendue comme pensée abstraite, se forme dans les mots. | La pensée, entendue comme pensée abstraite, se forme dans les mots. |
Version du 1 octobre 2009 à 19:06
Sommaire |
Langage, pensée, communauté
On définit souvent l’homme, comme « homo faber », fabricateur d’outils, technicien, mais on peut aussi choisir de considérer le langage comme le fait culturel par excellence C’est une partie de la culture et il est reçu par la tradition Il est le moyen par lequel nous assimilons la culture de notre groupe. (les règles) Les codes culturels peuvent tous être compris sur le modèle du langage : le monde de la culture est un monde symbolique.
Le langage peut être perçu en première analyse comme un moyen d’extérioriser sa pensée, de communiquer ses idées avec autrui. On voudrait lui donner le statut d’ « outil ou d’instrument » de communication. Or, il est beaucoup plus. Apprendre une langue c’est apprendre à abstraire, et d’une certaine manière apprendre à penser. Notre pensée est toujours verbalisée.
Si on apprend à penser dans sa langue maternelle, « on pense » avec sa société. Peut être n’y a –t-il pas de pensée universelle, mais différentes visions du monde structurées par des langues différentes ?
Le langage articulé, propre de l'homme.
Si l’on définit le langage par le fait de communiquer de l’information, alors les animaux échangent entre eux de l’information et on peut dire qu’ils ont un langage. Ex : le langage dansé des abeilles.
Mais dans le monde humain, le langage renvoie à l’aptitude humaine à créer du sens, à signifier quelque chose pour soi même et les autres.</
Distinctions préalables
Le langage animal est inné, ou d’hérédité biologique,propre à l’espèce. A une situation globale correspond un son ou un geste. Le nombre en est limité. Sons ou gestes sont comme autant de signaux qui déclenchent chez le congénère un comportement.
Le langage humain est propre à une culture, il doit être appris dans le milieu social, il est transmis par la tradition. Les linguistes nomment langue le code , culturel et conventionnel.
Il est articulé et doublement articulé, ce qui produit une combinatoire large et permet de dire un nombre illimité de situations. Nous combinons des phonèmes en mots et des mots en phrases.
(Chaque langue retient un nombre limité de phonèmes qu’elle distingue conventionnellement).
On peut parler du caractère illimité du langage humain, par opposition à la fixité et à la stéréotypie du langage animal. Cette illimitation lui permet d’être novateur.
Le langage humain est de l’ordre du symbole. Le signe linguistique est double, le son entendu renvoie à un sens qui demande à être compris dans sa dimension intellectuelle.
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Lettre de Descartes au Marquis de Newcastle et extrait du Discours de la méthode.
Les animaux traduisent les états de leur corps. Un automate, une machine peut de manière stéréotypée exprimer l’état de ses rouages. (Son mécanisme). Pour Descartes, l’animal ne fait pas plus. A tel état physique, il fait correspondre tel cri ou telle attitude (le chat hérissé.) Il communique des émotions.
Le langage humain, par un discours articulé (ou par des gestes qui s’articulent chez les sourd muets) exprime plus. Il traduit un processus de pensée qui est novateur, par lequel tout homme est capable de réagir à ce qu’on dit en sa présence.
C’est valable pour le fou. Même le fou qui délire interprète de manière novatrice, sinon pertinente la situation dans laquelle il se trouve. C’est valable pour l’homme le plus hébété et le plus stupide.
Le langage humain est une action de l’automate corporel qui ne peut pas s’expliquer par l’automate corporel lui même, car il témoigne d’une liberté créatrice. Il est incompatible avec le seul mécanisme, mais doit être référé à une âme qui pense.
Le langage humain témoigne d’une création de sens. Le langage est un mouvement du corps qui dénote la présence d’une âme et de la liberté.
Dans la Lettre au marquis de Newcastle , Descartes écrit que nous reconnaissons un homme , à ce qu’il est capable d’utiliser des signes vocaux ou gestuels, à propos des sujets qui se présentent ,( il adapte son discours , invente du sens , ce qui témoigne de sa liberté , ) sans se rapporter à aucune passion ( il ne se borne pas à exprimer , comme mécaniquement , l’état de son corps ).
Dans le Discours de la méthode, il écrit qu’on pourrait sans doute construire une machine à la ressemblance d’un singe, mais que cela n’est pas possible s’agissant d’un homme. L’automate, fait à l’imitation du corps humain, ne pourrait pas inventer des messages divers et faire preuve de créativité . « La raison est un instrument universel.qui peut servir en toutes sortes de rencontres »
Descartes, métaphysicien, voit dans le langage humain un témoignage de la liberté de l’homme, liberté qui pour lui ne s’explique que par l’âme qui pense.
Est-ce dans les mots que nous pensons?
Vocabulaire : distinguons la langue et la parole.
La langue est le code propre à une communauté que chacun trouve tout fait dans sa société. C’est l’objet de l’étude des linguistes qui en étudient les caractéristiques et le fonctionnement. On peut dire que c'est un fait social, au sens durkheimien du terme : contraignant, coercitif. la langue s'impose à nous de l'extérieur, si nous la modifions trop, notre message ne passe plus.
La parole : c’est l’appropriation par un individu de ce code.
Le langage a ces deux aspects.
Il nous semble parfois que l'expression de notre expérience individuelle est limitée par l'aspect collectif du langage.Il nous faut comprendre pourtant que notre pensée n'existerait pas si elle n'était pas coulée dans les mots.
La langue est elle un outil ?
On fait souvent l’expérience de l’ineffable : je n’ai pas les mots pour le dire …
Je crois que mes idées sont là, mais que je ne peux pas les extérioriser. La langue semble n’être que l’instrument ou l’outil d’extériorisation et de communication de la pensée.
Au XVII ème siècle, on croit à l’existence d’une pensée universelle qui pourrait se communiquer au moyen de différents outils.
N’est – ce pas une illusion ?
De manière contemporaine, on va dire plutôt que le langage est le lieu ou la pensée se forme.
La pensée se tisse dans le langage dit Merleau-Ponty. Au moment où je combine mes mots, où je les assemble, je fais surgir du sens. Je découvre ma pensée au moment même où elle nait, dans le langage.
La pensée, entendue comme pensée abstraite, se forme dans les mots.