Le Langage
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Version du 1 octobre 2009 à 19:40
Sommaire |
Langage, pensée, communauté
On définit souvent l’homme, comme « homo faber », fabricateur d’outils, technicien, mais on peut aussi choisir de considérer le langage comme le fait culturel par excellence C’est une partie de la culture et il est reçu par la tradition Il est le moyen par lequel nous assimilons la culture de notre groupe. (les règles) Les codes culturels peuvent tous être compris sur le modèle du langage : le monde de la culture est un monde symbolique.
Le langage peut être perçu en première analyse comme un moyen d’extérioriser sa pensée, de communiquer ses idées avec autrui. On voudrait lui donner le statut d’ « outil ou d’instrument » de communication. Or, il est beaucoup plus. Apprendre une langue c’est apprendre à abstraire, et d’une certaine manière apprendre à penser. Notre pensée est toujours verbalisée.
Si on apprend à penser dans sa langue maternelle, « on pense » avec sa société. Peut être n’y a –t-il pas de pensée universelle, mais différentes visions du monde structurées par des langues différentes ?
Le langage articulé, propre de l'homme.
Si l’on définit le langage par le fait de communiquer de l’information, alors les animaux échangent entre eux de l’information et on peut dire qu’ils ont un langage. Ex : le langage dansé des abeilles.
Mais dans le monde humain, le langage renvoie à l’aptitude humaine à créer du sens, à signifier quelque chose pour soi même et les autres.</
Distinctions préalables
Le langage animal est inné, ou d’hérédité biologique,propre à l’espèce. A une situation globale correspond un son ou un geste. Le nombre en est limité. Sons ou gestes sont comme autant de signaux qui déclenchent chez le congénère un comportement.
Le langage humain est propre à une culture, il doit être appris dans le milieu social, il est transmis par la tradition. Les linguistes nomment langue le code , culturel et conventionnel.
Il est articulé et doublement articulé, ce qui produit une combinatoire large et permet de dire un nombre illimité de situations. Nous combinons des phonèmes en mots et des mots en phrases.
(Chaque langue retient un nombre limité de phonèmes qu’elle distingue conventionnellement).
On peut parler du caractère illimité du langage humain, par opposition à la fixité et à la stéréotypie du langage animal. Cette illimitation lui permet d’être novateur.
Le langage humain est de l’ordre du symbole. Le signe linguistique est double, le son entendu renvoie à un sens qui demande à être compris dans sa dimension intellectuelle.
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Lettre de Descartes au Marquis de Newcastle et extrait du Discours de la méthode.
Les animaux traduisent les états de leur corps. Un automate, une machine peut de manière stéréotypée exprimer l’état de ses rouages. (Son mécanisme). Pour Descartes, l’animal ne fait pas plus. A tel état physique, il fait correspondre tel cri ou telle attitude (le chat hérissé.) Il communique des émotions.
Le langage humain, par un discours articulé (ou par des gestes qui s’articulent chez les sourd muets) exprime plus. Il traduit un processus de pensée qui est novateur, par lequel tout homme est capable de réagir à ce qu’on dit en sa présence.
C’est valable pour le fou. Même le fou qui délire interprète de manière novatrice, sinon pertinente la situation dans laquelle il se trouve. C’est valable pour l’homme le plus hébété et le plus stupide.
Le langage humain est une action de l’automate corporel qui ne peut pas s’expliquer par l’automate corporel lui même, car il témoigne d’une liberté créatrice. Il est incompatible avec le seul mécanisme, mais doit être référé à une âme qui pense.
Le langage humain témoigne d’une création de sens. Le langage est un mouvement du corps qui dénote la présence d’une âme et de la liberté.
Dans la Lettre au marquis de Newcastle , Descartes écrit que nous reconnaissons un homme , à ce qu’il est capable d’utiliser des signes vocaux ou gestuels, à propos des sujets qui se présentent ,( il adapte son discours , invente du sens , ce qui témoigne de sa liberté , ) sans se rapporter à aucune passion ( il ne se borne pas à exprimer , comme mécaniquement , l’état de son corps ).
Dans le Discours de la méthode, il écrit qu’on pourrait sans doute construire une machine à la ressemblance d’un singe, mais que cela n’est pas possible s’agissant d’un homme. L’automate, fait à l’imitation du corps humain, ne pourrait pas inventer des messages divers et faire preuve de créativité . « La raison est un instrument universel.qui peut servir en toutes sortes de rencontres »
Descartes, métaphysicien, voit dans le langage humain un témoignage de la liberté de l’homme, liberté qui pour lui ne s’explique que par l’âme qui pense.
Est-ce dans les mots que nous pensons?
Vocabulaire : distinguons la langue et la parole.
La langue est le code propre à une communauté que chacun trouve tout fait dans sa société. C’est l’objet de l’étude des linguistes qui en étudient les caractéristiques et le fonctionnement. On peut dire que c'est un fait social, au sens durkheimien du terme : contraignant, coercitif. la langue s'impose à nous de l'extérieur, si nous la modifions trop, notre message ne passe plus.
La parole : c’est l’appropriation par un individu de ce code.
Le langage a ces deux aspects.
Il nous semble parfois que l'expression de notre expérience individuelle est limitée par l'aspect collectif du langage.Il nous faut comprendre pourtant que notre pensée n'existerait pas si elle n'était pas coulée dans les mots.
La langue est elle un outil ?
On fait souvent l’expérience de l’ineffable : je n’ai pas les mots pour le dire …
Je crois que mes idées sont là, mais que je ne peux pas les extérioriser. La langue semble n’être que l’instrument ou l’outil d’extériorisation et de communication de la pensée.
Au XVII ème siècle, on croit à l’existence d’une pensée universelle qui pourrait se communiquer au moyen de différents outils.
N’est – ce pas une illusion ?
De manière contemporaine, on va dire plutôt que le langage est le lieu ou la pensée se forme.
La pensée se tisse dans le langage dit Merleau-Ponty. Au moment où je combine mes mots, où je les assemble, je fais surgir du sens. Je découvre ma pensée au moment même où elle nait, dans le langage.
La pensée, entendue comme pensée abstraite, se forme dans les mots.
La langue a un rôle constituant pour la pensée .Nos mots sont des concepts.
Qu’est – ce qu’un concept ?
Un concept, c’est une idée générale abstraite, c’est le produit d’une opération intellectuelle qui isole et rassemble par la pensée quelques traits qui ne sont jamais donné séparément dans l’expérience ;
Un Arbre : végétal à tronc ligneux.
En face de moi, j’ai un petit marronnier ou un grand platane, un sapin …. Etc.
Comparons l’image au concept.
« Essayez de vous tracer l’image d’un arbre en général, jamais vous n’en viendrez à bout, malgré vous il faudra le voir petit ou grand, rare ou touffu, clair ou foncé, et s’il dépendait de vous de n’y voir que ce qui se trouve en tout arbre, cette image ne ressemblerait plus à un arbre. Les êtres purement abstraits se voient de même, ou ne se conçoivent que par le discours. La définition seule du triangle vous en donne une véritable idée : sitôt que vous vous en figurez un dans votre esprit, c’est un tel triangle et non pas un autre, et vous ne pouvez éviter d’en rendre les lignes sensibles ou le plan coloré. Il faut donc énoncer des propositions, il faut donc parler pour avoir des idées générales ; car sitôt que l’imagination s’arrête, l’esprit ne marche plus qu’à l’aide du discours"
Rousseau Discours sur l'Origine et les Fondements de l'Inégalité parmi les hommes.
NB:Rousseau forme l’hypothèse d’un homme naturel, pour mieux penser le problème politique : les inégalités sont elles naturelles ? Pour penser l’homme naturel, on enlève le lien social : on pense un homme seul.
Cet homme seul n’apprend pas à parler dans une société, il n’a que les cris de la nature. Il n’apprend pas non plus à penser des idées abstraites.
« C’est un animal stupide et borné » écrit Rousseau.
La question de l’Origine des Langues est une question qu’on ne peut trancher empiriquement. Si on essaie de la penser, c’est pour mieux comprendre, en essayant de penser la première convention que nos idées abstraites n’existent que si elles sont nommées. On peut penser à la rigueur la première convention pour un être singulier ; le geste désigne un objet visible(tel arbre , se nommera A , tel autre B ), on s’aperçoit qu’en fait tous ces arbres sont des « chênes » et que notre lexique ne comporte pas un nom pour chaque individu . Nos mots « arbre » et « chêne » nous permettent d’évoquer toute une catégorie d’individus qui pour nous ont des caractéristiques communes.
S’il s’agit de désigner « liberté » ou « Dieu », seuls les noms dont nous disposons nous permettent de les évoquer. On ne parvient plus à penser la première convention. Il fallait disposer déjà du mot pour évoquer l’idée abstraite.
"Sitôt que l'imagination s'arrête, l'esprit ne marche plus qu'à l'aide du discours. Notre expérience sensible nous donne des êtres uniques, originaux. Tel arbre, telle feuille.
L’image reproduit un objet sensible dans sa particularité. (L’image de cet arbre là, ou de cette feuille)
L’idée d’arbre désigne une classe d’objets possédant des caractères communs.
« Les mots sont des concepts » Notre langue est le support de la pensée abstraite.
Parler nous apprend à mettre en ordre notre expérience, à l’organiser.
La pensée n’est elle pas elle alors propre à une culture?
On pourrait croire qu’il existe une pensée universelle, et que les différentes langues sont des outils pour exprimer cette pensée, le problème de la traduction consistant à faire coïncider un instrument avec un autre instrument d’expression de la manière la plus adéquate possible.
Les linguistes contemporains montrent que la langue n’est pas un simple répertoire de mots.Apprendre une langue, c’est apprendre à organiser une certaine vision du monde.
Prenons l’exemple de la vision de couleurs.
Parler telle langue plutôt que telle autre nous enseigne un certain découpage de la réalité : 2 zones colorées, ou 8 zones colorées dans l’arc en ciel.Nous disons "Je vois tant de couleurs .. " Si nous les "voyons" c'est parce que notre langue met à notre disposition des mots.L'arc en ciel, dans sa réalité physique est un phénomène continu.
Une langue n’est pas un répertoire de mots, auquel on pourrait faire correspondre un autre répertoire de mots. Une langue véhicule une certaine analyse de la réalité.
« Cette notion de langue répertoire se fonde sur l’idée simpliste que le monde entier s’ordonne antérieurement à la vision qu’en ont les hommes en catégories d’objets parfaitement distinctes, chacune recevant sa désignation dans chaque langue. »
Martinet :Eléments de linguistiques générale
Prenons l’exemple de la conception du temps chez les indiens Hopis. La langue hopi ne peut dire notre découpage du temps en passé, présent, futur. Les hopis ne peuvent compter le temps comme on compte des unités discrètes.La physique quantitative de Galilée ne se dit pas dans la langue Hopie.
« Le monde est un flux kaléidoscopique d’impressions que nous devons organiser. Nous le faisons en grande partie grâce au système linguistique que nous avons assimilé. Nous procédons à une sorte de découpage méthodique de la nature, nous l’organisons en concepts, et nous lui attribuons cette signification en vertu d’une convention qui détermine notre vision du monde." Whorf: Linguistique et Anthropologie.
Examinons quelques conséquences de ce qui vient d'être dit.
Est-il aisé d’innover?
On peut décrire un cercle pensée langage culture.
Les intérêts d’une culture la poussent à faire évoluer sa langue dans un certain sens. (Sinon il n’y aurait pas innovation). (Inflation des termes consacrés à la neige dans une culture Eskimo)
Mais la langue est une réalité sociale et donc coercitive. La langue évolue difficilement, elle freine la mobilité de la pensée. Innover, c’est penser neuf avec des mots qui sont chargés d’une vision du monde ancienne.
Exemple : Descartes et le mot âme.
Peut-on à bon droit instituer une langue universelle ? (Sujet de dissertation)
Notons le mot "instituer": c'est décider par convention. On ne parle donc pas des langues d'empire qui s'imposent par la force, comme le latin dans l'Empire romain, ou le russe dans l'ex-empire soviétique.La langue a souvent été celle des vainqueurs.
On peut essayer de créer une langue universelle par souci de faciliter la communication entre les hommes, pour lever les équivoques. En ce sens, les mathématiques en sont une.
On a pu ainsi vouloir créer de toute pièce l’Espéranto.
Imposer une langue, n'est ce pas toujours plus ou moins imposer une vision du monde et une culture?
Notre Constitution dit que le français est la langue de la République. Ce n’est pas indifférent, il est difficile de faire l’unité d’un état dans un pluralisme linguistique.
Le projet peut être parfois totalitaire : (CF La Novlangue dans 1984 qui est une fiction)
Actuellement on constate que, lié au statut de grande puissance, existe un impérialisme linguistique et donc culturel:puissance économique et technique des USA et impérialisme de l’anglais.