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Nature et Liberté

(Différences entre les versions)
(Peut on a bon droit parler de nature humaine.)
(Distinguons nature et culture : distinction conceptuelle:)
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Un ensemble de valeurs spirituelles.(normes et valeurs)
Un ensemble de valeurs spirituelles.(normes et valeurs)
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==Les difficultés d'une telle distinction==
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La nature porte l’empreinte de l’homme, l’homme lui-même est modifié par l’homme, c'est-à-dire par la société.
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Regarder un paysage « naturel » peut être une expérience trompeuse : un champ, un arbre sont le produit de l’activité humaine, les campagnes ont été transformées par le travail.
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L’homme lui même est dès sa naissance transformé par l’éducation. Il reçoit l’empreinte de sa culture. Il est donc très difficile quand  on regarde vivre des hommes de démêler la part de l’innéité (ou de la nature) de la part due à la société.
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Certains traits de comportement que nous attribuons à l’instinct,  ont peut être été modelés par la culture.
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Actuellement, les sociologues parlent de socialisation différentielle pour nommer la manière dont l’éducation forme les filles d’un côté, les garçons de l’autre dans une société (les filles ne naissent pas nanties d’un talent tout particulier pour la cuisine ou le ménage…), ou pour désigner la résultante de l’appartenance à deux classes sociales différentes : on ne naît pas ouvrier ou bourgeois.
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Margaret Mead, dans «  <u>Mœurs et sexualité en Océanie</u> » a tenté de montré que les « traits de caractère » reconnus pour masculins ou féminins variaient selon les sociétés. On ne peut parler selon elle de « caractère masculin », biologiquement défini. Chez les ARAPESH , garçons et filles sont doux paisibles  sans agressivité .
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Christine Destrez note comment en Kabylie on apprend à se comporter comme une femme : «  marcher en baissant la tête, travailler échine courbée »
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La sensibilité et les émotions sont construites : on apprend à un garçon à ne pas pleurer.
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Elisabeth Badinter dans « <u>L’amour en plus</u> » s’est interrogée sur l’ « instinct maternel » pour montrer justement qu’il était le produit de la culture.
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Nos aptitudes physiques sont plus ou moins «  cultivées » : nous privilégions le sens de la vue. Certaines sociétés américaines de chasseurs privilégient l’odorat.
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Les hommes  transforment toujours leur corps : il porte les marques de la société : tatouages, mutilations rituelles … sont des signes d’appartenance à un groupe.
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Le corps est pris dans un système de valeurs  sociales ou religieuses. ( Lévi Strauss dans <u>Tristes Tropiques</u> décrit les peintures corporelles des Caduveo)
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Il semble qu’il soit difficile de trouver la «  nature » de l’homme au terme d’une enquête empirique, c'est à dire en s'appuyant sur l'expérience.
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Le culturel finit par sembler originaire. Pascal écrivait : «  La coutume est notre nature. Qui s’accoutume à la foi, la croit et ne peut plus ne pas craindre l’enfer, et ne croit autre chose. Qui s’accoutume à croire que le roi est terrible… . » Pensées 89-149

Version du 20 septembre 2009 à 17:40


Sommaire

Introduction

Le mythe de Prométhée ( voir la version du Protagoras de Platon)décrit l'homme comme un être incomplet, inachevé. C'est le moins accompli de tous les animaux. Il y a une déficience en l'homme, mais la culture vient justement combler ce manque: la déficience qui est en lui va lui imposer de se développer par ses propres forces. Le mythe met en place l'opposition homme-animal, nature-culture.


Là où l’animal est toujours tout ce qu’il peut être, a une perfection relative parce qu’il est enfermé dans le cercle de ses instincts, l’homme a à se faire : il y a une place pour sa liberté de choix, et la société dans laquelle il se trouve joue un rôle essentiel.

Culture de "colere" : améliorer, achever, mettre en valeur.

Réfléchir sur la culture, c’est réfléchir à ce qui sépare l’homme de l’animalité et sur l'achèvement de l'homme.

Pascal « L’homme n’est produit que pour l’infinité »

Rousseau : « L’homme est perfectible »

Le mot culture se met aussi au pluriel:y-a-t-il diverses voies d'achèvement de l'homme, faut-il en privilégier une? E Kant considère que le progrès technique n'est pas la dimension essentielle : l'homme est doté de raison , son perfectionnement est celui du bon usage de la raison.


Peut on a bon droit parler de nature humaine?

NB : dans l’expérience, on ne rencontre que des hommes vivant en société, donc toujours immergés dans une culture : même Robinson, seul dans son ile a sa Bible, ses outils …


Distinguons nature et culture : distinction conceptuelle:

La nature : C’est d’abord l’ensemble des réalités qui existent abstraction faite des transformations que l’homme y a produites : vents, planètes ; L’homme lui même en tant qu’être vivant fait partie de la nature. Son organisme obéit à des lois physico-chimiques.

Il possède en naissant un certain nombre d’aptitudes (innées = in natus, nées dans). Ces aptitudes se transmettent par hérédité biologique.

La culture : comprend tout ce qui dans le milieu est dû à l’homme ; tout ce qui n’existerait pas sans l’activité humaine (Le livre, la table, le marteau, l’œuvre d’art). La culture regroupe donc l’ensemble des réalités matérielles et spirituelles produites par l’homme et qui se transmettent non pas par hérédité biologique mais par tradition, au sein des sociétés. ( importance du langage) La culture peut comprendre des techniques du corps : se tenir accroupi plutôt qu’assis sur une chaise, nager……

Le mot culture se dit au pluriel. Il est alors un équivalent de civilisation. Il y a de multiples cultures humaines (même si, comme nous le verrons, ce fait a été difficilement reconnu). Chaque culture a sa langue, ses réalisations spirituelles, matérielles, ses mœurs.


Malinovski distingue quatre principaux points :

La base matérielle : biens matériels, techniques.

L’organisation sociale.

Le langage (transmission traditionnelle)

Un ensemble de valeurs spirituelles.(normes et valeurs)


Les difficultés d'une telle distinction

La nature porte l’empreinte de l’homme, l’homme lui-même est modifié par l’homme, c'est-à-dire par la société.

Regarder un paysage « naturel » peut être une expérience trompeuse : un champ, un arbre sont le produit de l’activité humaine, les campagnes ont été transformées par le travail. L’homme lui même est dès sa naissance transformé par l’éducation. Il reçoit l’empreinte de sa culture. Il est donc très difficile quand on regarde vivre des hommes de démêler la part de l’innéité (ou de la nature) de la part due à la société.

Certains traits de comportement que nous attribuons à l’instinct, ont peut être été modelés par la culture.

Actuellement, les sociologues parlent de socialisation différentielle pour nommer la manière dont l’éducation forme les filles d’un côté, les garçons de l’autre dans une société (les filles ne naissent pas nanties d’un talent tout particulier pour la cuisine ou le ménage…), ou pour désigner la résultante de l’appartenance à deux classes sociales différentes : on ne naît pas ouvrier ou bourgeois.

Margaret Mead, dans «  Mœurs et sexualité en Océanie » a tenté de montré que les « traits de caractère » reconnus pour masculins ou féminins variaient selon les sociétés. On ne peut parler selon elle de « caractère masculin », biologiquement défini. Chez les ARAPESH , garçons et filles sont doux paisibles sans agressivité .

Christine Destrez note comment en Kabylie on apprend à se comporter comme une femme : «  marcher en baissant la tête, travailler échine courbée »

La sensibilité et les émotions sont construites : on apprend à un garçon à ne pas pleurer.

Elisabeth Badinter dans « L’amour en plus » s’est interrogée sur l’ « instinct maternel » pour montrer justement qu’il était le produit de la culture.

Nos aptitudes physiques sont plus ou moins «  cultivées » : nous privilégions le sens de la vue. Certaines sociétés américaines de chasseurs privilégient l’odorat.

Les hommes transforment toujours leur corps : il porte les marques de la société : tatouages, mutilations rituelles … sont des signes d’appartenance à un groupe.

Le corps est pris dans un système de valeurs sociales ou religieuses. ( Lévi Strauss dans Tristes Tropiques décrit les peintures corporelles des Caduveo)

Il semble qu’il soit difficile de trouver la «  nature » de l’homme au terme d’une enquête empirique, c'est à dire en s'appuyant sur l'expérience. Le culturel finit par sembler originaire. Pascal écrivait : «  La coutume est notre nature. Qui s’accoutume à la foi, la croit et ne peut plus ne pas craindre l’enfer, et ne croit autre chose. Qui s’accoutume à croire que le roi est terrible… . » Pensées 89-149