Kant
Nous rappellerons rapidement les thèmes essentiels développés dans les différents cours.
Sommaire |
Kant , philosophe des Lumières
Sapere Aude"
Dans " Qu'est ce que les Lumières ", Kant résume son époque en une injonction : "Ose te servir de ton propre entendement". Il pense qu'au XVIIIème siècle les hommes commencent à découvrir l'autonomie intellectuelle et à se libérer de toutes les autorités intellectuelles qui les maintiennent sous tutelle. Pour développer l'usage de son propre entendement, une seule condition est requise : une pleine et entière liberté de penser. Contrairement à Spinoza , Kant pense que les pouvoirs politiques peuvent mettre des bornes à la liberté de penser en prenant des lois ( censure , interdiction de se réunir). La pensée se nourrit d'échanges , elle s'appauvrit quand on la prive de ce recours à autrui. Kant demande aux pouvoirs politique de son époque de laisser toutes les idées circuler librement . Penser librement ne dispense pas d'obéir à l'état. C'est la circulation des idées qui doit mener les états eux mêmes à se réformer .
Kant , en marge des Lumières
Kant ne partage pas entièrement les idéaux de son époque. Schématiquement , l'idéal des encyclopédistes veut que la vulgarisation des sciences et des techniques amène le progrès et le bonheur. Kant est réticent . Pour lui, le progrès des techniques ne rend pas nécessairement heureux, pas plus que les progrès de la raison théorique. Le développement de la raison est plutôt pour lui source d'inquiètude. (Proximité avec Rousseau sur ce point)
L'image de l'homme heureux , ce serait plutôt le sauvage des mers du Sud , ou le mythique berger d'Arcadie.
La nature nous a doté d'une raison, pense Kant , c'est plutôt parce qu'elle a voulu que nous la développions.Il nous appartient de devenir raisonnable.
Le but de l'homme sera " faire son devoir" et pas nécessairement être heureux.
Le bonheur , idéal de la sensibilité ne lui parait pas vraiment un but digne de l'homme.
La raison
Le mot raison prend deux sens dans les textes de Kant . La raison théorique est le pouvoir de la pensée correcte . Elle peut être calculatrice, elle calcule les moyens pour parvenir à nos fins. La raison pratique , est la raison qui donne ses règles à l'action. Elle est législatrice en matière de moralité. (Le mot pratique renvoie à l'action ( praxis) . Il ne signifie pas "utile".)
La raison pratique
L'homme a d'un côté des sentiments ou des inclinations . Kant les pense égoïstes , tournées vers l'amour de soi.(image du baton tordu- le cher moi) Qu' exige de nous notre raison ? Elle nous parle clairement . Un enfant de sept ans est capable de déterminer son devoir. La raison nous demander d'aller à l'encontre de notre égoisme . (Elle parle à l'impératif , justement parce qu'elle va à l'encontre de nos inclinations) Notre raison nous demande d'agir dans le sens de l'universalité . "Agis de telle sorte que tu traites l'humanité , dans ta personne aussi bien que dans celle d'autrui, jamais simplement comme un moyen, toujours en même temps comme une fin" La morale kantienne est une morale du respect absolu de la personne humaine. La personne humaine est pour Kant une fin en soi. Aucun but n'a plus de dignité que le respect de la personne humaine. ( On ne doit pas, par exemple sacrifier un homme à un idéal politique.)
Pas de casuistique
Pour Kant il n'y a pas de dérogation à la valeur de la régle morale. Elle vaut toujours . Benjamen Constant pose la question de la conséquence catastrophique possible d'une tel rigorisme. Refuser de mentir quand un assassin en puissance me demande où se cache un ami, n'est ce pas "armer le bras de l'assassin"?
Question :" Puis-je être sûr de bien agir? "
La liberté
Obéir à la loi morale suppose que l'homme soit capable de faire taire ses inclination égoïstes. Il faut postuler la liberté. "Tu dois , donc tu peux" Si un prince demande à un de ses sujets de faire un faux témoignage sous peine de mort, il faut que ce soit possible et qu'on soit capable de faire taire une de nos inclinations les plus fortes, l'instinct de survie.
La raison théorique:
Kant faisant un bilan du la vie intellectuelle de son époque , constate que l'accord des esprits se fait sur la géométrie, la physique, mais que les métaphysiciens continuent à se contredire ( L'objet de la métaphysique: Dieu, l'âme et la liberté). La Critique de la raison Pure explique l'échec de la métaphysique. Une connaissance nécessité une construction théorique de la raison appuyée sur des données reçues de l'expérience . Ni l'empirisme pur , ni le rationalisme a priori n'ont raison. La raison doit être en face de la nature comme un "juge en fonction qui interroge les témoins", elle ne doit pas se laisser instruire passivement par la nature. L'exemple de Galilée ou celui de Torricelli sont décisifs.Galilée fait une hypothèse théorique : la nature suit toujours les voies les plus simples (mouvement uniformément accéléré). Il construit le plan incliné pour vérifier son hypothèse.
Kant fait une révolution copernicienne . Pour lui la science est une construction humaine. (Tout tourne autour de la raison).
Les métaphysiciens continuent à se contredire car leur objet est au delà d'une expérience possible.(Descartes affirme que Dieu a un libre arbitre- Spinoza refuse le libre arbitre à Dieu)
Le jugement esthétique
esthétique
Kant développe une esthétique. L'art s'adresse à la sensibilité.Je reconnais le beau à la qualité du plaisir que j'éprouve.
Il n'y a pas de règles ou de canons du beau s'adressant à l'intelligence.
Hume et la Norme du goût
Hume au XVIIIème siècle analysait également l'art dans le cadre d'une esthétique. Hume souliganit le danger du scepticisme. Si l'art est une affaire de sentiment , tous les sentiments se valent . (alors qu'un jugement de vérité peut être validé puisqu'il renvoie à un objet). Hume voit bien que certaines oeuvres d'art font cependant l'unanimité à travers le temps ou l'espace. Il explique cela en disant qu'il y a effectivement une "Norme du goût" prescrite par des hommes de goût , qui ont une sensibilité plus aîgue , et qui ont cultivé leur jugement par la fréquentation des oeuvres d'art ( aspect naturel et aspect culturel).
Caractères du jugement esthétique pour Kant
Kant distingue l'agréable du beau . Le goût du palais est subjectif . Je dis à juste titre "c'est agréable pour moi " ( un verre de vin de Canarie)
Au contraire , jamais je ne dirais : "c'est beau pour moi".
Le beau est l'objet d'une satisfaction désinteressée : devant l'oeuvre d'art , mes inclinations se taisent . Je ne suis pas interessé à l'existence de l'objet.
Le jugement esthétique est universel , sans concept. Face à l'oeuvre d'art belle, la satisfaction que j'éprouve me parait devoir être partagée par tout être ayant les mêmes facultés. Mais je ne peux "convaincre autrui de la beauté de l'oeuvre" parce que je ne dispose d'aucune règle.
Le jugement esthétique est pour Kant spontané. Il ne fait pas l'objet d'un apprentissage.
(Bourdieu critique Kant en parlant d'une culture du goût )
La philosophie de l'histoire
Kant aborde l'histoire de l'humanité en essayant d'y lire la dimension d'un progrès.
Il ne s'agit pas d'une connaissance. Il développe " une perspective consolante"
L'histoire semble offrir le spectacle des passions ( l'expression est de Hegel). Les hommes agissent par ambition, souci de domination. Ils sont mûs par une insociable sociabilité.
Kant essaie de montre que " tout se passe comme si" la nature utilisait le mal , l'immoralité des passions pour faire progresser l'humanité dans le sens du développement de sa raison. Les états sont également entre eux dans des relations d'insociable sociabilité. Kant espère que contraints et forcés , il finiront par gérer leurs relations en instituant une législation internationale pacifique.