Fiches de Révision par Auteur
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Le matérialisme antique -Epicure
Sur 5 points : - Philosophie du bonheur ( eudémonisme) - Pensée matérialiste.( la matière et l'esprit) - Critique de la superstition (Religion) - Critique du finalisme( Cours sur le Vivant) - Critique des désirs illimités. (Cours sur le désir)
Le but de la vie de l'homme : le bonheur
Il est pris pour fin ( but) = (Pour souverain bien ou plus grand des biens.)
Les grecs considèrent en général que le bonheur est paix de l'âme, absence de trouble. Le passionné parait avide, insatiable, jamais comblé. Le désir est illimité. L'homme qui recherche le plaisir (exemple Calliclès dans le Gorgias de Platon) semble voué à l'échec. Il ne sera jamais comblé. L'épicurisme essaie de tracer le chemin d'un bonheur stable.
La Lettre à Ménécée analyse donc les conditions du bonheur. Epicure est né en 341. Alexandre meurt en 323.Une période de troubles politiques s'ouvre. Epicure élabore une morale, non une politique. Le bonheur peut être trouvé quelles que soient les conditions politiques .
Le bonheur est à rechercher « ici et maintenant »
Première étape : La thérapeutique des craintes: Guérir les craintes , parce que ce sont des troubles de l'âme, incompatibles avec le bonheur.
Epicure voit dans les fausses croyances la racine de toutes les servitudes. Les grecs craignent les dieux et ont peur de la mort.
La première condition du bonheur comporte la rupture avec la religion populaire- Il ne faut pas craindre les dieux Il ne faut pas craindre la mort. La superstition, c'est une frange inférieure de religion, faite d'espoir et de craintes .Le superstitieux pense que des forces surnaturelles interviennent dans la nature et dans sa vie. Il essaye de déchiffrer les signes de cette action. Pensant que les Dieux interviennent pour faire son bonheur ou son malheur, il essaie de ne pas leur déplaire et vit dans l'anxiété. Les hommes croient aux Enfers et à des punitions possibles après la mort .
L e moyen : La physique matérialiste
Seule la connaissance délivre de la peur. NB Réflexion sur l'utilité de la connaissance
L'éthique a pour fondement une physique matérialiste. Le matérialisme antique est une vision du monde qui affirme que tout dans la nature est fait de matière à l'exclusion de tout autre principe spirituel. (L'âme humaine est pensée comme matérielle) Tout l'univers est fait de matière et de vide. Les atomes, petites parties insécables de matière tombent dans vide.(Clinamen=déclinaison selon Lucrèce). Les atomes n'ont ni commencement, ni fin. Rien ne naît de rien . Ils ont toujours été. Ils sont insécables, ils seront toujours. L'univers est le fruit des combinaisons au hasard des atomes. Seules ces combinaisons se font et se défont.
L'univers ne requiert donc pas l'intervention de dieux créateurs et ordonnateurs. Des dieux, on peut seulement dire qu'ils sont matériels, peut être antérieurs à notre monde, mais ils n'interviennent pas dans la nature. Aucune providence bienveillante n'a voulu le monde. Les craintes superstitieuses n'ont pas de raison d'être.
Les dieux sont des vivants immortels et bienheureux.
Cette notion commune doit remplacer les croyances fausses. (immortalité relative, s'ils sont faits d'atomes)
Bienheureux, ils ne manquent de rien , ne désirent rien ( pas de sacrifices ) et ne se mettent pas en colère ( paix de l'âme = bonheur= .) Les dieux n'ont besoin de rien et surtout pas des hommes, ils n'ont pas voulu le monde, ne l’ont pas crée. Ils ne se fâchent pas, ne connaissent pas la jalousie...etc. Les images de paix et de béatitude qui proviennent des dieux( rêves)peuvent inspirer notre vie. Nous pouvons prendre pour modèle un être dont la vie est sans troubles
L'univers épicurien est régi par le hasard . II n' y a pas de finalité . La pensée finaliste requiert une conscience ordonnatrice qui ferait un projet pour l'univers ou pour les hommes. Les dieux n'ont pas donné aux hommes des yeux pour voir , des mains pour prendre , etc. (Lucrèce , De la Nature)
Epicure continue à participer aux fêtes religieuses, parce qu'elles ont un aspect civique.
La Physique matérialiste permet de ne pas craindre la mort.
La mort n'est pas d'avantage à redouter, l'âme est matérielle et ne survit pas.(L'éthique est ici encore en relation avec la physique, elle ne se suffit pas à elle-même. Il faut combattre, par la clarté rationnelle la fausse clarté des récits de type religieux.
On se représente la mort comme une quasi vie, inerte et morne. On craint les châtiments des Dieux on imagine de grands coupables aux enfers : Sisyphe, Tantale, Tityos) les châtiments frappent plus les imaginations que les récompenses.. Les grecs craignent aussi que le corps n'ait pas de sépulture rituelle, ce qui condamne l'âme à errer toute l'éternité. . On craint aussi d'être privé des joies de la vie (ce thème est chez Lucrèce. La crainte de la mort est aussi corrélative du désir d'immortalité.
L'âme malade est celle en laquelle se creuse un désir, un manque perpétuels.
Une formule essentielle est à noter : « Tout bien et tout mal résident dans la sensation »
L' homme débarrassé de ses craintes, peut suivre quelques règles qui lui assureront le bonheur
Régulation des désirs, vie prudente.
La connaissance délivre donc de certaines passions.
(A comparer avec l 'analyse de Kant . Pour Kant on est incapable de définir le bonheur Et on est donc bien incapable de définir des règles pour y parvenir )
La nature est en chacun de nous la norme (ce d'après quoi on doit se diriger) Il s'agit pour être heureux de simplifier sa vie, de revenir aux exigences de notre nature, à celle qui ne proviennent pas de vaines opinions. La nature se prononce par la sensation : elle nous révèle que le plaisir est à rechercher et la douleur à fuir. C'est toujours en fonction du plaisir qu'il faudra fuir ou rechercher quoi que ce soit.
Notons aussi que « notre nature » c'est ce que nous avons de commun avec tous les hommes. Ceci signifierait que les règles de recherche du bonheur sont les mêmes pour tous les hommes.
"Le plaisir est le commencement et la fin de la vie heureuse." La formule semblait scandaleuse, car le plaisir n'était pas considéré comme un état stable. Platon le pensait toujours mélangé de douleur, et par nature illimité. (Voir le débat Socrate- Calliclès dans le Gorgias.). Epicure fait du plaisir un état stable en le définissant comme absence de douleur .Le besoin est manque, souffrance. Le plaisir suit la douleur mais l'exclut.
Quand le corps manque de quelque chose, c'est la douleur. La définition du plaisir est négative : c'est l'absence de douleur.
Il faut donc distinguer les désirs naturels( besoins physiologiques) de ceux qui ne le sont pas - des désirs d'opinion. Le corps n'a que des besoins limités. Seule notre imagination crée l'illimitation du désir et provoque l'absence de satiété. La juste estimation des désirs commande la paix de l'âme.
Les désirs naturels et nécessaires, Pour la vie même. (Besoins physiologiques, faim, soif,) .On ne peut pas vivre sans les satisfaire. Le plaisir de manger et de boire traduit la restauration de notre nature Notre corps donne lui même sa règle, il n'a que des besoins limités.
Il s'agit de conquérir la paix (ataraxia) et la philia : l'amitié avec soi même et l'amitié avec autrui. La philosophie nous délivre de l 'ambition, du désir de richesses et de la gloire, elle nous permet un rapport nouveau avec autrui : l'amitié.
Les désirs passionnels et vains Ils vont au-delà de la limite inhérente à notre nature ; ils nous engagent à une poursuite sans fin.
- On peut introduire de l'illimitation dans les désirs naturels et nécessaires, raffinements de la cuisine, gourmandise, recherche du luxe dans l'habitat et le vêtement.
- Les désirs ni naturels ni nécessaires .: Ils sont entièrement fondés sur de vaines opinions et ne sont pas contenus dans les limites de notre nature. Ambition, désir de gloire, d'immortalité. Il s'agit toujours d'un vouloir plus.
« Le plaisir est le commencement et la fin de la vie heureuse ; » La fin, c'est le but recherché. Absence de douleur pour le corps, absence de trouble pour l'âme ;(aponie- ataraxie) II ne faut quand même pas identifier le bonheur épicurien à la réplétion de l'estomac. (estomac plein)
La gestion des plaisirs suppose le bon usage du raisonnement. On doit être capable de calculer, et parfois de supporter une douleur pour obtenir ensuite un plaisir, ou au contraire de se priver d'un plaisir parce qu'il entraînerait une douleur.
L'épicurisme n'est pas une ascèse, (mortification du corps); il s'agit de ne pas être prisonnier du désir pour pouvoir être heureux en toutes circonstances. Il ne s'agit pas « de vivre de peu », il s'agit, si les circonstances l'imposent de pouvoir se passer de l'abondance. « Tout ce qui est naturel est aisé à se procurer, tout ce qui est vain est difficile à avoir. »
Cueillir le plaisir du moment n'est pas épicurien : il faut vivre en fonction du « tout de la vie » Le « carpe Diem » est d'Horace.
La morale du plaisir n'est pas une invitation à la débauche : la Lettre à Ménécée le précise bien L'épicurisme a eu beaucoup de détracteurs. Toute la tradition chrétienne le critique parce qu'il soutient que l'âme est mortelle .Elle transmet de celui-ci une image déformée en reprenant la formule d'Horace : "pourceaux du troupeau d'Epicure" Les critiques étaient vives du temps même d'Epicure.
Lucrèce précise l'analyse épicurienne en écrivant que les hommes sont toujours responsables de leurs propres tourments. Les enfers ne se situent pas après la mort, mais c'est en nourrissant des désirs illimités et des passions que les hommes se tourmentent eux mêmes sur cette terre. La mythologie est le produit de l'imagination, mais les mythes ont psychologiquement un sens.
Prolongements : sur la notion de progrès technique
Le souci de trouver un bonheur stable conduit donc à refuser toute passion. Cependant, se contenter de donner satisfaction à des besoins naturels et nécessaires aurait fait stagner l'humanité dans un état proche de l'animalité. On peut comprendre l'épicurisme comme une morale des temps de troubles, qui permet à l'individu de trouver le bonheur quelles que soient les circonstances.
A l'échelle de l'histoire, on pourrait lui reprocher d'interdire à l'humanité tout progrès. Rousseau décrit un hypothétique homme naturel. Seul, ne parlant pas, il n'a ni idées, ni imagination .Il ne connaît que des besoins physiologiques aisément satisfaits En un sens, on peut le dire heureux, pourtant il n'accomplit aucunement la perfectibilité de l'homme. Dans le Discours sur l'Origine de l'Inégalité, Rousseau remarque que la naissance de la société suscite le développement des passions, mais que sous l'impulsion de ces passions l'entendement se perfectionne. Plus l'homme développe son imagination et multiplie ses désirs, plus il invente des moyens pour leur donner satisfaction. Il transforme la nature, mais ce faisant se transforme lui même.
Les moralistes condamnent les passions au nom de la recherche d'un bonheur stable, mais si l'on considère l'homme comme un être historique, on doit peut être constater que les passions sont le moteur de son développement intellectuel et moral. (Voir: Kant : Idée d'une histoire universelle : Proposition 4) "Tout homme qui ne voudrait que vivre, vivrait heureux" écrit Rousseau dans l'Emile. Son oeuvre véhicule les deux affirmations contradictoires, selon qu'il se préoccupe du problème du bonheur de l'homme ou de celui de sa perfectibilité.