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Le Politique de Platon

Version du 6 juin 2010 à 16:41 par Amb (Discuter | Contributions)

Sommaire

Le Politique

(Fiche en cours de réalisation)


Réfèrence à l'Edition Garnier Flammarion, traduction Luc Brisson et JF Pradeau.

Toutes les éditions de Platon portent cependant le même découpage du texte . (270a- 270b ... etc)


Deux dialogues de Platon traitent explicitement de Politique . Dans la République, Platon menant un réflexion sur la justice entreprend de constituer de toute pièce une cité juste.La tradition en a fait une des premières grandes cités utopiques , pour utiliser le mot inventé par Thomas More au 16 ème siècle. Dans le Politique, il traite plus explicitement du rôle de l'homme politique dans la cité. Quel est son rôle ? L'homme politique a -t-il à créer des liens dans la société? La politique est elle l'art de créer du lien social?


Le texte est un dialogue , mais comme les autres œuvres de la maturité de Platon, c'est un faux dialogue qui cache un exposé dogmatique de la pensée de Platon. Le dialogue s'établit entre l'étranger , et le jeune Socrate , dont nous ne savons rien . Le jeune Socrate se borne à acquiescer à ce que dit l'Etranger.


Ce texte est souvent considéré comme un exercice . Platon ferait une démonstration de ce qu' est la méthode dialectique, méthode qui mène à remonter vers la vérité par la confrontation des opinions dans un dialogue.

On a donc une long exercice d'utilisation de la méthode des divisions pour parvenir à donner une première définition du politique. 258b "Devons nous placer le politique parmi les gens qui possèdent une science" ?

En 267a l'étranger fait un résumé du chemin parcouru: En 267c , il pose la question : avons nous bien réalisé notre programme? Avons nous répondu de façon satisfaisante à la question posée?

Ainsi est présentée une synthèse de la première définition obtenue du politique.


Le politique est présenté comme un pasteur.

La technique politique est présentée comme un des nombreux aspects que revêt la technique pastorale. Au politique, il revient de prendre soin d'un troupeau particulier. Le politique est celui qui fait de l'élevage en groupe " non pas des chevaux et autres bêtes , mais des hommes". (267d) Le peuple est donc considéré comme un troupeau .

Cette comparaison peut nous choquer . Elle nous indique que Platon n'est pas en train de décrire une démocratie. Cette comparaison avec le pasteur peut nous inquiéter . Dans l'intérêt de qui prend il soin du troupeau? N'est ce pas d'abord dans son intérêt? La comparaison avec le bouvier qui soigne et nourrit le troupeau de bœufs permet d'aller un peu plus loin . Le bouvier est seul responsable de son troupeau . Or , pour le troupeau humain , d'autres pourraient prétendre qu'ils en prennent soin : le boulanger et les autres commerçants le médecin . (268a ) 268b : "Le bouvier ne trouvera personne pour lui contester ses fonctions"

Le portrait du politique n'a donc été qu'ébauché.Il faut continuer.

Il faut donc aller un peu plus loin et trouver la spécificité du politique et voir en quoi il prend tout particulièrement soin du troupeau humain.


L'utilisation du mythe (268d-274e)

Il faut repartir et " emprunter un autre chemin" 268d

Après le premier exercice de division l'utilisation d'un mythe s'apparente à un jeu,il s'agit peut être de reposer l'esprit après l'exercice difficile de division.

Le mythe décrit eux états du monde . Un état où le monde est dirigé par le Dieu , et un état où le Dieu a abandonné le monde à lui même. Le monde a alors une marche rétrograde et tourne en sens contraire.(269d)

Pour les Grecs les dieux sont parfaits. La perfection s'accompagne d' immobilité.(Le mouvement signifie marche en avant vers plus de perfection ou dégradation). Le monde est corporel . Il ne peut donc avoir cette immobilité des dieux. "Il ne saurait être exempt de changement" (269e) Le mouvement qui imite le mieux l'immobilité est le mouvement circulaire et voilà pourquoi les astres peuvent être dotés d'un mouvement circulaire mais qu'ils ne peuvent être à l'origine de leur propre mouvement. Le dieu peut en restant immobile entrainer toute chose . (Aristote nommera Dieu , le premier moteur immobile au centre du monde.)Ce moteur immobile ne peut pas entraîner tantôt dans un sens tantôt dans un autre ce qui serait contraire à sa perfection.

On dira donc que le monde est tantôt entraîné par le dieu , tantôt abandonné à lui même et quand il est laissé à lui même , sa rotation s'inverse.

270b "La marche de l'univers est portée tantôt dans le sens actuel de sa rotation, tantôt dans le sens opposé" (270b)

Au temps de Kronos , tout est à l'inverse de ce que nous connaissons actuellement. Les vivants sortent de la terre et ils passent de la vieillesse à l'âge adulte, puis à l'enfance; (270e) "Les vieillards redevenaient des enfants .... ceux qui étaient morts et qui gisaient dans la terre y étaient reconstitués et remontaient à la vie ..." (271b) Quand le monde est dirigé par le Dieu chaque partie du monde est confiée à un Dieu qui la gouverne . Les vivants sont répartis par race et par troupeaux et ceux qui sont chargés d'eux pourvoient à tous leurs besoins . Les espèces ne s'entredévorent pas et il n'y a pas de guerres. La comparaison avec le berger et son troupeau est insistante . Un Dieu conduit son troupeau d'hommes comme aujourd'hui les hommes ont des troupeaux d'animaux.

Les hommes de l'époque de Kronos n'ont p as de lois ni de constitution politique. Ils sortent de la terre et n' ont ni femme ni enfant. Ils n'ont pas de technique s , ils n'ont pas de maisons , mais la nature abondante pourvoit à tous leurs besoins.

Dans le second état qui est le notre Zeus laisse le monde aller de lui même et tout va en se dégradant.Il n'est pas besoin de le décrire, c'est celui que Socrate le Jeune expérimente.

L'étranger lui demande seulement s'il peut dire lequel des deux est le plus heureux.(272b)

En 272b et 273 a , on décrit le grand changement d'une ère à l'autre. Celui qui pilote l'univers lache la barre , les dieux qui paissent leurs troupeaux d'hommes se retirent , le monde poursuit sa ourse habituelle en prenant soin et en gouvernant lui même les choses qui sont en lui. "parce qu'il se souvient dans une certaine mesure de l'enseignement qu'il a reçu du Dieu. (273b) Du dieu, le monde a reçu tout ce qui est beau séparé du démiurge , c'est la dégradation " L'oubli s'installe plus le temps passe , plus l'absence d'harmonie devient prédominante" Et le mythe suppose que le dieu revient s'installer près du gouvernail(273d)


En 274 b l'étranger tire la leçon du mythe. Quand le monde est abandonné par Kronos, les hommes faibles et dépourvus sont malmenés par les bêtes sauvages. Ils n'ont ni technique ni industrie et ne savent se défendre. Là interviennent les dons des dieux. Le mythe de Prométhée dit que les hommes reçurent le feu . Ils deviennent des techniciens et apprennent à assurer leur propre subsistance.

Ils apprennent à prendre soin d'eux mêmes en imitant comme le monde en son entier apprend à prendre soin de lui même.

274e : On met un point final au mythe et on progresse dans la définition du politique ou de l'homme royal.


Nouvelle approche de la définition du politique

Une double erreur a été commise dans la définition du politique. En le définissant comme un pasteur qui paît son troupeau , on l'a confondu avec le dieu.

On l'a aussi présenté comme gouvernant la cité entière sans dire comment il gouverne , et il faut donner des précisions.

Il faut distinguer le pasteur divin des politiques d'ici bas .

Ceux-ci sont des hommes,très voisins du troupeau qu'il paissent et par leur éducation aussi très proches des hommes ordinaires.