Le Politique de Platon
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Le Politique
(Fiche en cours de réalisation)
Réfèrence à l'Edition Garnier Flammarion, traduction Luc Brisson et JF Pradeau.
Toutes les éditions de Platon portent cependant le même découpage du texte . (270a- 270b ... etc)
Deux dialogues de Platon traitent explicitement de Politique . Dans la République, Platon menant un réflexion sur la justice entreprend de constituer de toute pièce une cité juste.La tradition en a fait une des premières grandes cités utopiques , pour utiliser le mot inventé par Thomas More au 16 ème siècle. Dans le Politique, il traite plus explicitement du rôle de l'homme politique dans la cité. Quel est son rôle ? L'homme politique a -t-il à créer des liens dans la société? La politique est elle l'art de créer du lien social?
Le texte est un dialogue , mais comme les autres œuvres de la maturité de Platon, c'est un faux dialogue qui cache un exposé dogmatique de la pensée de Platon. Le dialogue s'établit entre l'étranger , et le jeune Socrate , dont nous ne savons rien . Le jeune Socrate se borne à acquiescer à ce que dit l'Étranger. La lecture est parfois rendue difficile pour nous par la méthode employée , la méthode des dichotomies. On procède par divisions pour préciser une définition.
On peut pour lire le texte se concentrer sur trois points essentiels.
Le mythe des révolutions: l'âge d'or est opposé à l'âge de Zeus.
Le paradigme du tissage : le politique tisse le lien social.
La science politique: cité réelle et cité idéale.
Le dernier passage est celui qui nous éclaire le mieux sur la conception platonicienne de la politique.
Le pasteur royal
Utilisation d'une méthode dichotomique
Ce texte est souvent considéré comme un exercice.Platon ferait une démonstration de ce qu'est la méthode dialectique, méthode qui mène à remonter vers la vérité par la confrontation des opinions dans un dialogue.
On a donc une long exercice d'utilisation de la méthode des divisions pour parvenir à donner une première définition du politique. Cette méthode précise une idée, mais n'est pas vraiment efficace. Elle est même plutôt ennuyeuse et va se fourvoyer. 258b "Devons nous placer le politique parmi les gens qui possèdent une science" ?
En 267a, l'étranger fait un résumé du chemin parcouru.
En 267c, il pose la question : avons nous bien réalisé notre programme ? Avons nous répondu de façon satisfaisante à la question posée ?
Ainsi est présentée une synthèse de la première définition obtenue du politique. Cet aboutissement ne dépasse guère un lieu commun ou tout au moins est une définition traditionnelle : le souverain est à son peuple comme un berger à son troupeau.
La méthode dichotomique aboutit à la présentation du politique comme pasteur royal.
La technique politique est présentée comme un des nombreux aspects que revêt la technique pastorale. Au politique, il revient de prendre soin d'un troupeau particulier. Le politique est celui qui fait de l'élevage en groupe " non pas des chevaux et autres bêtes, mais des hommes". (267d) Le peuple est donc considéré comme un troupeau.
Cette comparaison peut nous choquer. Elle nous indique que Platon n'est pas en train de décrire une démocratie. Cette comparaison avec le pasteur peut inquiéter. Ne va-t-elle pas dans le sens de la tyrannie ? Dans l'intérêt de qui le pasteur prend il soin du troupeau ? N'est ce pas d'abord dans son intérêt ?
Alors que Platon écrit le Politique, Xénophon écrit La Cyropédie. Il y fait l'éloge de Cyrus, monarque oriental. Xénophon fait dire à Cyrus : " On rapporte de Cyrus le mot que la tâche d'un bon berger est à peu près la tâche d'un bon roi ; le berger doit, en tirant profit de ses troupeaux leur procurer le bonheur, le bonheur propre aux bestiaux, et le roi lui même doit, en usant des villes et des hommes, les rendre heureux. (Cyropédie, livre VIII, chapitre II)
La comparaison avec le bouvier qui soigne et nourrit le troupeau de bœufs permet d'aller un peu plus loin. Le bouvier est seul responsable de son troupeau. Or, pour le troupeau humain,d'autres pourraient prétendre qu'ils en prennent soin : le boulanger et les autres commerçants, le médecin. (268a ) 268b : "Le bouvier ne trouvera personne pour lui contester ses fonctions"
Le portrait du politique n'a donc été qu'ébauché. Il faut continuer.
Il faut donc aller un peu plus loin et trouver la spécificité du politique et voir en quoi il prend tout particulièrement soin du troupeau humain. Il faut faire aussi la critique du pasteur royal et montrer que les hommes souhaitent être gouvernés autrement que comme les animaux du troupeau.
Le mythe des révolutions (268d-274e)
Il faut repartir et " emprunter un autre chemin" 268d
Après le premier exercice de division l'utilisation d'un mythe s'apparente à un jeu,il s'agit peut être de reposer l'esprit après l'exercice difficile de division.Mais le mythe n'est pas encore une pensée, ce n'est qu'une représentation symbolique.
Plus loin Platon le dira: nous ne sommes plus en possession d'un savoir divin. Il faut utiliser des images,parce que la vérité est absente.
Le mythe développé par Platon s'inspire de mythes traditionnels.
Le mythe d'Atrée et de Thyeste
Le mythe de l'âge d'or (age de Cronos) rapporté par Hésiode dans Les travaux et les jours.
Le mythe décrit deux états du monde .
Un état où le monde est dirigé par le Dieu ,(règne de Cronos) et un état où le Dieu a abandonné le monde à lui même. Le monde a alors une marche rétrograde et tourne en sens contraire.(269d)
Pour les Grecs les dieux sont parfaits. La perfection s'accompagne d' immobilité.(Le mouvement signifie marche en avant vers plus de perfection ou dégradation). Le monde est corporel . Il ne peut donc avoir cette immobilité des dieux. "Il ne saurait être exempt de changement" (269e) Le mouvement qui imite le mieux l'immobilité est le mouvement circulaire et voilà pourquoi les astres peuvent être dotés d'un mouvement circulaire mais qu'ils ne peuvent être à l'origine de leur propre mouvement. Le dieu peut en restant immobile entrainer toute chose . (Aristote nommera Dieu , le premier moteur immobile au centre du monde.)Ce moteur immobile ne peut pas entraîner tantôt dans un sens tantôt dans un autre ce qui serait contraire à sa perfection.
On dira donc que le monde est tantôt entraîné par le dieu,tantôt abandonné à lui même et quand il est laissé à lui même,sa rotation s'inverse.
270b "La marche de l'univers est portée tantôt dans le sens actuel de sa rotation, tantôt dans le sens opposé" (270b)
L' Age d'or : le temps de Kronos
Tout est à l'inverse de ce que nous connaissons actuellement. Les vivants sortent de la terre et ils passent de la vieillesse à l'âge adulte, puis à l'enfance; (270e) "Les vieillards redevenaient des enfants .... ceux qui étaient morts et qui gisaient dans la terre y étaient reconstitués et remontaient à la vie ..." (271b) Quand le monde est dirigé par le Dieu chaque partie du monde est confiée à un Dieu ou (démon)qui la gouverne . Les vivants sont répartis par races et par troupeaux et ceux qui sont chargés d'eux pourvoient à tous leurs besoins . Les espèces ne s'entredévorent pas et il n'y a pas de guerres. La comparaison avec le berger et son troupeau est insistante . Un Dieu conduit son troupeau d'hommes comme aujourd'hui les hommes ont des troupeaux d'animaux.
Les hommes de l'époque de Kronos n'ont pas de lois ni de constitution politique.(272a) Ils sortent de la terre et n' ont ni femmes, ni enfants. Ils n'ont pas de techniques , ils n'ont pas de maisons , mais la nature abondante pourvoit à tous leurs besoins.
L'âge d'or est-il heureux ?
L'étranger lui demande seulement s'il peut dire lequel des deux est le plus heureux. (272b)
On peut se poser la question. S'agit-il d'une alternative entre le bonheur et la détresse ?
Ne peut-on y voir une opposition entre la soumission religieuse et l'autonomie politique ?
Les hommes de l'âge d'or pratiquent-ils la philosophie ?
En conversant, non seulement entre humains, mais aussi avec les animaux ? (272c)
Si c'était le cas, ils nous surpasseraient s'agissant du bonheur.Mais ces hommes de l'âge d'or, gorgés et repus se complaisent peut être dans le mythe. (Pour philosopher, ne faut-il pas éprouver un manque ? )
On se demande si les hommes de l'âge d'or éprouvaient des désirs pour les sciences et le raisonnement.
L'âge des cités:le temps de Zeus
En 272b et 273 a, on décrit le grand changement d'une ère à l'autre. Celui qui pilote l'univers lâche la barre, les dieux qui paissent leurs troupeaux d'hommes se retirent, le monde poursuit sa course habituelle en prenant soin et en gouvernant lui même les choses qui sont en lui. "parce qu'il se souvient dans une certaine mesure de l'enseignement qu'il a reçu du Dieu. (273b) Du dieu, le monde a reçu tout ce qui est beau. Séparé du démiurge, c'est la dégradation " L'oubli s'installe plus le temps passe, plus l'absence d'harmonie devient prédominante" Et le mythe suppose que le dieu revient s'installer près du gouvernail(273d)
Quand le monde est abandonné par Kronos,les hommes naissent enfants et vieillissent , les hommes faibles et dépourvus sont malmenés par les bêtes sauvages. Ils n'ont ni technique ni industrie et ne savent se défendre.
Là interviennent les dons des dieux. Le mythe de Prométhée dit que les hommes reçurent le feu. Ils deviennent des techniciens et apprennent à assurer leur propre subsistance.Ils doivent travailler et reçoivent des dieux le feu. Ils ne sortent plus de la terre, mais ont une reproduction sexuée.
Ils apprennent à prendre soin d'eux mêmes en imitant, comme le monde en son entier apprend à prendre soin de lui même.
Les hommes ne sont plus un troupeau sous la direction du pasteur divin . Les hommes vont former des communautés de citoyens, avec des pasteurs divins.
274e : On met un point final au mythe et on progresse dans la définition du politique ou de l'homme royal.
Nouvelle approche de la définition du politique: le paradigme du tissage
Une double erreur a été commise dans la définition du politique. En le définissant comme un pasteur qui paît son troupeau , on l'a confondu avec le dieu.
On l'a aussi présenté comme gouvernant la cité entière sans dire comment il gouverne , et il faut donner des précisions.
Il faut distinguer le pasteur divin des politiques d'ici bas. Ceux-ci sont des hommes, très voisins du troupeau qu'il paissent et par leur éducation aussi très proches des hommes ordinaires.
L'Etranger reprend la première définition proposée pour en montrer les limites. (275d) "Elevage des troupeaux " "soin collectif, non pas individuel"
¤Il aurait fallu séparer le soigneur humain du pasteur divin. (276d)
¤Et il aurait fallu séparer "ce qui est obtenu par la force de ce qui est obtenu de plein gré". (276e) afin de distinguer le politique du tyran. Le politique est celui que les troupeaux de bipèdes acceptent de suivre de plein gré.
Le politique doit être conscient de ses limites humaines et il doit seulement s'efforcer d'imiter les pasteurs divins qui étaient au pouvoir sous le règne de Kronos. Il faut "imiter". Seuls les dieux sont sages, seuls, ils possèdent la sagesse.
Il n'y a de politique au sens véritable que lorsqu'il y a consentement des gouvernés, sinon on est dans le domaine de l'adoration religieuse ou dans le domaine de la tyrannie. (Plus loin, Platon nuancera ce point, le consentement unanime ne signifie pas que la cité est bien gouvernée.)
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Le raisonnement doit maintenant remplacer le mythe.Platon compare ce qui vient d'être mis en place par le mythe avec une statue seulement ébauchée. 277c. " Notre discours fait l'effet d'un portrait dont les contours extérieurs ont l'air de bien se présenter, mais qui n'a pas encore reçu ce relief que donnent les couleurs préparées et l'harmonie de leur ton."
Le mythe ne fait que reprendre la tradition et il a recours à l'image. Il faut une pensée rationnelle.
Présentation du paradigme 277d
Pour séparer le politique de tous ceux qui pourraient prétendre donner des soins aux cités, on va utiliser un paradigme, pour aider la réflexion par une comparaison.
Il faut s'éveiller, passer du rêve à la réalité.277d
Un paradigme est un modèle qui permet de s'orienter. Après avoir eu recours au mythe et à l'image léguée par la tradition ( Hésiode)il faut utiliser son entendement.
"Mon paradigme lui- même a besoin d'un paradigme" ; 277e. Il utilise le paradigme de l'écriture.
La pensée s'éveille un peu à la fois à elle même.
Les enfants apprennent à lire en associant des lettres dans des syllabes courtes. Ensuite on leur montre ces syllabes dans des associations plus complexes qu'ils apprennent à reconnaitre.Les lettres n'ont de sens que dans une totalité.
Ainsi quand il faut réfléchir à la question politique, il faut considérer la cité comme un tout. Les hommes n'ont de valeur que par leur liens avec le gouvernement qui les unit. Il faut penser la cité comme une totalité organique.
Le paradigme choisi est le tissage de la laine. (279b)
L'étranger entreprend une définition dichotomique de l'art du tissage. (279a-283b)
Le mot tissage peut être employé en grec pour dire, ourdir une intrigue, tramer un complot et tout aussi bien composer un écrit. A Athènes, au moment des Panathénées une procession va déposer sur l'Acropole un Péplos ( vêtement tissé) pour la statue d'Athéna. Le Péplos est le symbole de la cohésion sociale. Le tissage est en Grèce une métaphore politique. Le tissage associe des fils de couleur différente et en fait un tout. C'est encore un paradigme de la cité, tout, fait d'éléments différents.
La méthode des divisions, ( dichotomie=couper en deux) va permettre de préciser ce qui est au départ une métaphore.
Cette méthode de division nous parait fastidieuse. Elle nous parait souvent être un exercice inutile. Pour bien suivre le texte, il faut toujours essayer de voir comment fonctionne la comparaison entre l'art du tissage et la politique.
"Comme nous avons précédemment divisé... " 279b
On oppose le fait de produire au fait de se défendre. L'art du tissage est mis du côté des "préservatifs"( traduction Chambry, page 202).
Le tissage politique préserve la cité.
L'homme se préserve de lui même( armure de guerre) ou de la nature ( abris, barrières contre le froid)
Parmi les abris, il y a les maisons et les abris du corps. La technique vestimentaire s'applique aux vêtements. On s'intéresse surtout à la technique qui nous préserve du froid en fabriquant "un tissu de laine qui lui fasse obstacle" (280c)(on ne s'intéresse pas aux autres tissus).
Le vêtement renvoie à l'appartenance sociale de chacun. L'art politique donne à chacun sa place dans la cité. On peut les renvoyer de l'un à l'autre.
280a "Quant à la technique dont les soins portent principalement sur les vêtements, nous allons, tout comme nous avons appelé politique, la technique dont les soins portent sur la cité faire de même pour cette nouvelle technique. "
La fabrication de vêtements est séparée d'un grand nombre de techniques voisines ( techniques de défense).
Certaines fabrications de tissus.
La pelleterie.
Les techniques de fabrication des maisons et tout ce qui sert à protéger contre le vol.
Les portes, les armes, la magie protectrice (280e)
L'étranger laisse de côté les techniques protectrices qui séparent les hommes en les enfermant ( maisons- barrières), et les oppose aux techniques qui rassemblent.
Le vêtement représente l'ordre social. On paraît dans la cité,avec son rang, grâce à son vêtement.
L'art politique va être défini comme un art d'entrelacer. En 281a " Tisser, c'est bien je suppose, entrecroiser"
L'art du tissage, comme art d'entrecroiser va être séparé maintenant des techniques voisines ... développement jusqu'en 281d-c Dans la cité, beaucoup de comportements humains sont politiques( art du discours par exemple) mais ils sont secondaires. On sépare le tissage du cardage, du foulage. Il y a des techniques d'entretien du vêtement. Ces techniques peuvent contester au tissage une part de son importance (281c) Il y a aussi les métiers qui servent à fabriquer la navette, le fuseau etc, et tout ce qui est utile au tissage.
L'Etranger distingue donc la vraie cause d'une production des causes auxiliaires ou secondaires (281e) On peut dire que tout est politique et concerne la politique, mais on peut dire qu'il y a une fonction propre du politique, une vraie cause de l'entrecroisement qu'est la cité.
On fait rentrer des métiers comme lavage, couture dans l'art du foulon. Carder, filer, sont dans le travail de la laine.
Dans l'art du tissage, on va distinguer deux grandes opérations.
Celle de l'assemblage.
Celle de la séparation.
"Partageons le travail de la laine en deux fonctions, celle de la séparation, celle de l'assemblage"282d
Tissage : assembler Cardage : séparer, démêler les fils.
Le cardagecomme art de séparer, renvoie à l'idée que la cité est composée d'éléments différents les uns des autres.
Le tissage : Dans un métier à tisser, on a des fils verticaux les fils de chaine, tendus par des petits poids. On a aussi des fils horizontaux, les fils de trame qui sont souples. Le fils de la navette entrelace ces deux sortes de fils. 283b : "Le tissage, c'est l'art d'entrelacer la chaîne et la trame"
La politique apparait donc comme un art associatif, tissant le lien social. Créer des liens entre les citoyens suppose que le politique ait en tête une certaine idée de la justice et du bien des gouvernés ; va-t-il imposer ces liens au nom d'une vision du Bien ? L'approche de la définition de l'art politique nous montre déjà que la conception qu'en a Platon pose problèmes. '''
Trouver une juste mesure
On comprend qu'il ne s'agit pas de penser le tissage par lui même, ni même la cité en elle même.
Enquête au sujet du politique est faite pour devenir des meilleurs dialecticiens. La dialectique permet aux hommes de se tourner vers le monde des idées. La cité accomplie n'a pas seulement pour fin la satisfaction des besoins, ou la protection contre les ennemis( la sécurité) elle doit avoir pour fin de découvrir en commun la vérité. les hommes en dialoguant s'enseignent mutuellement.Le tissage du lien social renvoie au tissage des idées. Le politique renvoie au philosophe.
A-t-on tourné en rond, fait des distinctions inutiles? (285d) "Est ce par intérêt pour le politique lui même que nous avons... ou plutôt pour devenir meilleurs dialecticiens dans tous les domaines?" "Les réalités incorporelles qui sont les plus belles et les plus importantes ne peuvent apparaître clairement à rien d'autre qu'à la raison. Et ce sont ces réalités là que vise l'entretien actuel"
Il est bien dit que l'entretien vise le monde des Idées ( réalités incorporelles) Il est recherche de la vérité.
La science politique(287b)
Revenon au politique pour lui appliquer le paradigme du tissage dont nous avons parlé. Pour introduire l'analyse politique qu'il veut faire de la cité, Platon emploie une comparaisonavec le prêtre sacrificateur.Il démembre dl'animal, il doit en connaître précisement les articulations. "Nous allons donc les diviser membre par membre, comme la victime sacrificielle. (287c)
La cité réelle
L'analyse est à mettre en prolongement de la République, dans laquelle on fait naître la cité du besoin. Platon fait une analyse qui est au fond une analyse économique , puis une analyse sociale de la cité.
Il faut des instruments pour produire
Il faut sauvegarder ce qui est fabriqué.
Il faut transporter les richesses produites.
Il faut les défendre ( défense de la propriété et de la richesse)
Platon considère ensuite , le monde des images , des ornements , des divertissements.
Il en vient à la production des matières premières et les ressources alimentaires ( on aurait pu les mettre au commencement, écrit-il en 289b)
Tout ce qui est de l'ordre de l'économique est ainsi mis à part et séparé du politique.
On en vient alors aux fonctions sociales.
Ceux qui sont au service de l'économique sont rangés parmi les esclaves et les serviteurs de toutes sortes. (290a) Changeurs, commerçants , armateurs revendeurs. Il n'y a rien en eux qui "participe à la technique royale"
Tous ceux que nous nommerions" serviteurs de l'état" Les hérauts, ceux qui écrivent et sont au service des magistrats.
Les devins sont rangés par Platon parmi les "techniques de service". Ils commercent avec les dieux.
Les sophistes sont à distinguer des politiques. Ils sont capables de prendre toutes sortes de formes différentes, parce qu'ils ont l'art de l'apparence.(291b ) en un clin d'œil, ils changent entre eux de formes et de propriétés"
La cité idéale
Après avoir décrit à partir de l'expérience la cité réelle , Platon en vient à rechercher , à la lumière de la raison les structures de la cité idéale.
On reprend d'abord une distinction traditionnelle.
La monarchie est le gouvernement d'un seul. Le gouvernement peut appartenir à un petit nombre. La démocratie est le gouvernement du grand nombre.
On fait ainsi une distinction quantitative.
Ces 3 formes de gouvernement en engendrent 5.
Le pouvoir d'un seul peut être royauté ou tyrannie.
Le pouvoir d'un petit nombre peut être aristocratie ou oligarchie.
La démocratie conserve toujours son nom.
" Pour ce qui est de la démocratie, que la foule exerce de gré ou de force son pouvoir sur ceux qui possèdent des richesses, qu'elle observe scrupuleusement les lois ou non, personne ne s'avise d'ordinaire d'en changer le nom." (292a)
Si l'on reprend ce qui a été dit au début du dialogue sur la politique comme science directive, on se rend compte que le vrai critère pour distinguer les constitutions ne doit pas être le nombre. mais bien " la science"
On doit poser la question : "Dans laquelle de ces constitutions, trouve-t-on la science du gouvernement des hommes?" (292d)
La démocratie postule justement que chacun est apte à participer à la décision politique. Si la politique est une science , la démocratie apparaît immédiatement comme une des pires formes de pouvoir politique.
La recherche de cette science permettra de faire le partage entre le roi et tous les autres prétendants au pouvoir politique. (292e)
On emploie le mot Roi, pour nommer celui qui possède la science royale.
La constitution droite sera celle où on pourra trouver des dirigeants doués d'une science véritable,(293d)Le roi, s'il possède une science est fondé à exercer son pouvoir par la force , avec violence ,avec ou sans loi , et Platon utilise une comparaison avec le médecin. Le politique peut "purger le corps social", "purger la cité en vue de son bien" Le savant politique n'est pas tenu d'obéir aux lois traditionnelles. Il est lui même la loi vivante.
"Il est bien clair que d'une certaine façon, la législation relève de la fonction royale. Mais ce qui vaut le mieux, ce n'est pas que les lois prévalent, mais que prévale le roi qui est un homme réfléchi."(293e)
295a . Les lois ne peuvent jamais s'adapter aux circonstances particulières. Il faudrait pouvoir s'asseoir auprès de chacun pour lui prescrire ce qu'il convient de faire. Pourquoi se lier les mains avec des lois générales?
Platon décrit donc un roi qui ne se sent pas lié par les lois traditionnelles et qui n'a pas le respect des lois écrites.
"La loi ne pourrait jamais embrasser avec exactitude ce qui est le meilleur et le plus juste(294b) pour tous au même instant , et prescrire ainsi ce qui est le mieux."
La loi n'est jamais absolue, parce que le monde humain est en devenir et change et varie tout le temps.La politique n'est qu'une science approchée , qui est toujours à distance de la réalité. Le monde de l'expérience est un monde qui est peut être rebelle à toutes loi . la science politique est peut être vouée à l'échec.
"N'est-il pas impossible que ce qui reste toujours simple , s'adapte à ce qui ne l'est jamais?"( 294c) Il faut considérer les chose "en gros"(294e)
La loi véritable n'existe que dans le domaine de la connaissance. (Encore une fois, l'assemblée démocratique n'a aucune légitimité)
Le savant lui même peut révoquer la loi dont il sait qu'elle est à distance de la réalité. L'ignorant doit par contre obéir aux lois.