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Les échanges

Version du 18 décembre 2010 à 16:34 par Amb (Discuter | Contributions)

Sommaire

Introduction

Échanger, c'est se rendre mutuellement service, acquérir un bien contre un autre. L'échange est concerté, il s'oppose à la violence, il crée des liens de dépendance réciproque, il est une forme de communication. Sous le mot échanges, nous avons tendance à mettre les échanges marchands. C'est une forme importante d'échanges dans notre société, mais les échanges doivent s'entendre d'une manière bien plus large. -Nous allons étudier analyser les différentes formes d'échanges. -Nous allons essayer de voir en quel sens ils sont constitutifs du lien social.

Les différentes formes d'échanges.

Les hommes échangent avec les dieux :le sacrifice

Le sacrifice vise à fonder l’ordre social en créant un lien entre les hommes et les dieux. Les hommes utilisent le mythe, récit imagé transmis par la tradition et les poètes pour penser leur condition. Le mythe de Prométhée est un mythe fondateur de notre culture; Il dit la naissance de la culture, la séparation du monde humain d’avec le monde animal. La version d’Hésiode dit la mise en place du sacrifice, Prométhée fait la part des hommes et la part des dieux.Il dupe Zeus qui choisit la plus mauvaise part. Zeus mécontent d’avoir été dupé retire la foudre, Prométhée vole le feu divin, désormais les hommes sont des techniciens maîtres des arts du feu et de la forge. Le mythe dit aussi que Zeus donne en cadeau empoisonné Pandora, la femme, désormais la reproduction sera sexuée et les hommes condamnés à travailler pour nourrir les femmes

Voir l’interprétation que Hénaff donne du sacrifice: il apparaît dans les civilisations de pasteurs.Les hommes multiplient la vie. Ils pensent cela comme un don des dieux, ils rendent en échange une bête. En la tuant, ils lient les dieux qu’ils obligent à rendre et à perpétuer ce don de la vie. Le sacrifice est donc une relation de don et contre don entre les hommes et les dieux.

Les hommes échangent entre eux

L'échange constitue le lien des cités.

L'exogamie : échange des femmes Levi-Strauss souligne que parmi les règles sociale, une seule est universelle : la prohibition de l'inceste. (La définition de la personne proche changeant de cité en cité) Cette règle fait éclater la cellule familiale biologique et impose des alliances qui sont à la base de l'organisation de la société.

Les échanges linguistiques: (Voir cours sur le langage)

Les échanges de biens qui ne se font pas toujours sous la forme marchande. Il faut penser au don , étudié par Marcel Mauss, au troc. Les échanges marchands apparaissent avec la création de la monnaie.

Le fait social est-il originairement économique?

(oikos: la maison) (L'économie concerne la maison et les besoins de ceux qui y vivent.)

Lorsqu’il pense la construction de la cité dans La République, Platon la fait découler du besoin: « C’est l’impuissance où chaque homme se trouve de se suffire à lui-même et le besoin qu’il a d’une foule de choses qui est à l’origine de la cité » Il faudra associer un forgeron, un tisserand ...etc La cité, il faut le noter a une fin plus haute que la seule satisfaction des besoins. (Son but sera, non pas vivre, mais "bien vivre = être heureux)

Les modernes ( Dix huitième siècle) comme Smith, insistent sur le rôle que joue le besoin pour réunir les hommes.


Tout acte humain, pour Adam Smith est motivé par l’intérêt individuel. Cet intérêt individuel bien compris suffit à construire toutes les relations sociales. Les hommes ont des besoins et échangent pour satisfaire leurs besoins, mais Smith ajoute qu’il existe en tous les hommes un penchant naturel, une « propension à échanger »

Les hommes ont conscience de ne pas être auto- suffisant, alors que les animaux se suffisent bien plus facilement à eux-mêmes. Les hommes ont besoin de la société, du secours de leurs semblables, mais ils ne peuvent rien attendre de la bienveillance d’autrui.

Smith associe deux thèmes:

-le besoin inéluctable que nous avons de l’autre

-l'affirmation de l’égoïsme individuel.

(Dans ses ouvrages moraux Smith parle d’une sympathie de l’homme pour l’homme – dans ses ouvrages économiques, il insiste sur l’égoïsme) Il n’y a pas de bienveillance du boulanger, mais celui-ci veillant à son intérêt bien compris fera du bon pain qu’il vendra à un prix convenable.

Le texte est célèbre: « L’homme a presque continuellement besoin du secours de ses semblables, et c’est en vain qu’il l’attendrait de leur seule bienveillance. Il sera bien plus sûr de réussir s’il s’adresse à leur intérêt personnel ….. Ce n’est pas de la bienveillance du boucher, du marchand de bière et du boulanger que nous attendons notre dîner, mais bien du soin qu’ils apportent à leurs intérêts. Nous ne nous adressons pas à leur humanité, mais à leur égoïsme » Adam Smith - Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations

Du concours des égoïsmes nait une prospérité commune.( Comme si une main invisible régulait le conflit des égoïsmes).Pour Smith,la solidarité se réalise elle-même dans les échanges incessants, sans qu’il soit dans les intentions conscientes des individus de la rechercher comme telle, sans qu’ils soient guidés par des valeurs morales.

Remarques:

On voit apparaître dans ce texte de Smith, une idée qui sera très riche de développements: le mal moral ( immoralité des passions ) peut engendrer un bien commun.

Adam Smith insiste sur l’idée d’une auto- régulation de l’économie. La question est importante, l’enjeu est celui du rôle du politique. Quel besoin les hommes auront-ils de la loi et de l’ordre politique ?

Adam Smith n'attend de la loi que la création d’un contexte d’ordre propice aux échanges économiques. Nous sommes là dans la perspective du libéralisme. Dans notre parcours de la société à la société politique, il importera de se demander ce que nous attendons de la loi et de l’ordre politique.